Le love bombing (ou quand aimer va trop vite)

Un couple semblant parfait et amoureux, symbolisant l’apparence trompeuse du love bombing d’un pervers narcissique

Dans ce billet, je me suis fondée sur mon vécu de femme en couple avec un pervers narcissique et sur le vécu d’autres femmes qui ont connu une histoire similaire. Cela dit, les personnes perverses narcissiques, tout comme leurs victimes, peuvent aussi bien être des femmes que des hommes. et, comme dans tous les billets, le masculin englobe le féminin, et vice versa.

Quand le pervers narcissique débarque dans votre vie, c’est comme si vous aviez soudain trouvé votre Richard Gere version Pretty Woman : galant, attentionné et prêt à tout pour vous (en apparence, du moins). Comme si vous étiez l’héroïne d’un vidéoclip kitsch d’un jeune Luis Miguel qui se déchaîne, torse nu et cheveux ébouriffés, sur une plage ensoleillée. Comme si la cerise venait enfin se poser sur votre sundae… un sundae qui, avouons-le, commençait sérieusement à fondre sous le soleil de vos déceptions amoureuses, après une longue série de dates Tinder aussi plates que prévisibles. Bref, vous vous sentez enivrée, grisée par une euphorie légère qui vous rappelle l’effet de deux verres de Prosecco enfilés trop vite sur un catamaran qui tangue au large de Punta Cana.

Et en un éclair, cette ivresse exalte votre quotidien. Dès les premiers jours, vous recevez une douce pluie de textos affectueux, une avalanche de compliments ,et mille et une petites attentions charmantes qui vous enveloppent du matin au soir. Tout roule à 200 à l’heure et, au bout de deux semaines, vous avez l’impression d’avoir déjà bâti une vie à deux. Tout colle, tout concorde : il rit à vos blagues, fredonne vos chansons préférées et semble partager vos goûts les plus improbables. Vous flottez, avec des papillons dans le ventre et la conviction soudaine d’avoir trouvé l’âme sœur.

C’est simple : vous auriez envie de crier votre bonheur à tout le monde, de le claironner à vos parents, à vos amis et, pourquoi pas, à vos voisins, surtout à ce petit couple d’amoureux sexagénaires d’en face qui, comme Céline, vous rappelle que l’amour existe encore. Et c’est précisément ce que vous ferez : dans les semaines qui suivent, vous multiplierez les présentations, vous organiserez un souper avec vos parents, une soirée avec vos amis et un garden-party avec vos voisins, et vous aurez cette impression électrisante que votre vie prend enfin un nouveau tournant.

Sauf que ce scénario si parfait porte un nom : le love bombing.

Mais le love bombing, c’est quoi au juste ?

Le love bombing est une tactique manipulatrice qui déguise un comportement abusif sur le plan émotionnel sous les traits d’un intérêt romantique excessif. En gros, c’est quand quelqu’un en fait trop, beaucoup trop, dès le début d’une relation. Signes d’affection à profusion, compliments, déclarations précipitées, cadeaux… Les démonstrations d’amour déferlent à une vitesse folle, sans laisser le temps de souffler. Sur le moment, on a vraiment l’impression de vivre un conte de fées, mais derrière ce déluge d’affection se cache souvent une stratégie pour vous accrocher rapidement, prendre toute la place et, au final, créer une dépendance.

La phase d’idéalisation (ou quand tout semble parfait)

La toute première étape d’une relation avec un pervers narcissique, c’est la phase d’idéalisation. C’est le moment où tout semble parfait, trop parfait même. Le pervers narcissique vous fait miroiter une relation de rêve, déployant tout son arsenal pour vous séduire. Pourquoi agit-il ainsi? Parfois parce qu’il ne supporte pas la solitude et cherche désespérément à être en couple; d’autres fois parce qu’il hésite et préfère vous garder « sous la main » le temps de décider si la relation en vaut la peine. Mais bien souvent, c’est une stratégie délibérée qui vise à vous accrocher rapidement, à occuper tout l’espace et, au passage, à profiter de vous sur le plan émotionnel ou financier.

Cette intensité peut être calculée, parfois inconsciente, mais elle reste toujours excessive. Et surtout, elle ne dure jamais. Trois mois, parfois moins, et la magie s’évapore. Et là, attention : plus on s’élève, plus la chute est brutale. On passe de l’ivresse des débuts à un crash affectif qui laisse de vrais dégâts : perte de confiance, sentiment d’échec et chaos émotionnel. Et la suite? Après l’idéalisation viennent la dévalorisation puis le rejet, parfois aussi brutal qu’un texto « c’est fini » envoyé entre deux bouchées de Big Mac.

La phase de dévalorisation (ou quand tout bascule)

Qu’on se comprenne bien : si la lune de miel était authentique, née d’un amour véritable, il n’y aurait rien d’alarmant. Un début de relation intense peut être magnifique quand il est sincère. Mais avec le pervers narcissique, cette magie n’est qu’une façade, et elle ne dure jamais. Très vite, les compliments se raréfient, les signes d’affection s’évaporent, et la chaleur des premiers jours se change en froideur, en incohérence, ou carrément en hostilité.

Après la lune de miel, tout bascule. Les éloges se tarissent, les petits gestes disparaissent, et chaque phrase que vous osez prononcer semble déclencher une tempête. Vous marchez sur des œufs, et vos émotions sont ignorées comme le manuel d’instructions d’un buffet IKEA un samedi soir après une demi-bouteille de rouge — on fait semblant qu’il n’existe pas. Et, pour couronner le tout, le pervers narcissique trouve toujours le moyen de vous faire porter la responsabilité de la situation.

Le rejet et le retour (ou quand l’histoire se répète)

Puis vient le rejet, parfois suivi d’un retour. Le PN peut alors se poser en victime, vous trahir sans sourciller, faire preuve d’une cruauté désarmante, rompre la relation du jour au lendemain, ou disparaître complètement comme s’il n’avait jamais existé. Parfois, c’est vous qui décidez de partir, n’en pouvant plus. Mais alors, attention : il revient aussitôt, armé d’excuses et de belles paroles. Il rallume le charme, comme au tout début, et vous fait croire que « cette fois-ci, ce sera différent, je te le jure ». En réalité, rien ne change. Le cycle redémarre, et vous voilà de retour à la phase d’idéalisation, comme si de rien n’était.

Mais à force de boucles et de promesses recyclées, on finit par voir ce que cette pseudo-histoire d’amour est vraiment : de la poudre aux yeux. Vient un moment où l’illusion s’effrite, où l’on ouvre enfin les yeux sur la manipulation et sur les traces qu’elle laisse derrière : la confiance brisée, l’estime écorchée, l’énergie siphonnée. C’est à ce moment qu’on comprend que ce n’était pas de l’amour, mais alors pas du tout, et qu’on se rappelle que l’amour véritable n’a rien à voir avec le flafla et le tape-à-l’œil.

Parce que l’amour véritable ne cherche pas à éblouir ni à manipuler. Il n’a pas besoin d’un prince charmant qui grimpe l’escalier de secours, bouquet de roses à la main, pour convaincre. Il n’a pas besoin d’un Luis Miguel torse nu qui s’époumonne sur une plage ensoleillée, crinière au vent, pour séduire. Et il n’a certainement pas besoin d’une cerise trop sucrée qui fait exploser votre glycémie en moins de deux, pour impressionner.

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